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Comptes rendus

Hélène FROQUET-UZEL dir., 2015, Les nécropoles de l’Âge du Bronze de Courcelles (Loiret) : approche des pratiques funéraires au début du Bronze final dans le Gâtinais occidental

Tours, FERACF, 319 p., 323 fig. (56ème suppl. à la Revue archéologique du Centre de la France).
Jean-François Piningre
p. 449-450

Texte intégral

1Cette monographie, fruit du travail d’une douzaine de collaborateurs, représente l’aboutissement de la fouille préventive sur le tracé de l’autoroute A19 de deux nécropoles de l’étape initiale du Bronze final situées dans la partie orientale de la Beauce, à proximité d’un affluent de l’Essonne. Distantes d’environ 2 km, elles offrent l’opportunité d’une étude comparative de deux ensembles funéraires, chronologiquement et géographiquement proches. À une soixantaine de kilomètres au sud-ouest des nécropoles contemporaines du confluent Seine-Yonne et notamment de celle de la « Croix Saint-Jacques » à Marolles-sur-Seine dont le résumé est présenté ci-avant, les nécropoles de Courcelles fournissent matière à comparaison avec les pratiques funéraires du début du Bronze final entre Loire et Marne, aux sites nombreux et bien documentés.

2Une première partie est constituée par un catalogue descriptif et une analyse détaillée et critique des structures, des restes anthropologiques et du mobilier de chaque ensemble : nécropole de Courcelles 1 « le Haut-de-l’Aunette-à-Guignard » (14 incinérations, 1 inhumation (?) et 9 monuments – p. 29-94) et Courcelles 2 « la Pièce-du-Mail », explorée partiellement (3 monuments et 14 structures funéraires dont 7 incinérations attestées – p. 125-167).

3L’étude typologique, étayée par douze datations au radiocarbone, repose surtout sur les comparaisons avec les chronologies élaborées récemment pour le Bassin parisien (ROSCIO, 2011 ; ROTTIER et alii, 2012). Composé de jarres, gobelets, jattes et assiettes, le mobilier céramique présente un panel des formes représentatives de cette période et occupe une place prédominante dans l’analyse chrono-culturelle, comparativement au mobilier métallique, peu abondant et souvent endommagé par l’ustion. Du point de vue culturel, les formes céramiques montrent de fortes attaches orientales, notamment avec les nécropoles du secteur Seine-Yonne. Bien que de durées inégales – fin Bronze moyen-Bronze final I pour la première et BF I-IIa pour la seconde –, la confrontation de ces deux nécropoles est riche en enseignements sur les comportements et l’évolution progressive de deux communautés voisines entre la seconde moitié du xive et la première moitié du XIIe siècle av. J.-C.

4Une large place est consacrée à l’étude des pratiques funéraires en trois chapitres portant respectivement sur les monuments et l’espace funéraire, le traitement du corps et l’aménagement de la tombe.

5Le recours aux études physico-chimiques et micro-morphologiques, encore rarement pratiquées dans le domaine funéraire, fournit à ce propos des résultats inégaux mais pertinents à certains égards. Ainsi, l’analyse des monuments à couronne de dalles de pierres au pendage centrifuge – qui font l’originalité des nécropoles de Courcelles –, nourrit une discussion approfondie à partir des observations de terrain et des analyses micro-morphologiques. Elle conduit à proposer plusieurs hypothèses de reconstitutions intégrant différentes formes de reliefs tumulaires aujourd’hui arasés, illustrées par de nombreux schémas. L’origine de tels aménagements, qui semblent caractériser cette région avec la nécropole de Cesson « Plaine du Moulin à Vent » mais connaissent aussi quelques exemples plus à l’est, isolés semble-t-il, comme à « La Croix-Saint-Jacques », soulève autant de pistes de recherche qu’il conviendra de suivre dans l’avenir.

6La diversité des aménagements des tombes, ainsi que leur répartition dans l’espace funéraire n’est pas pour surprendre, au regard des nombreuses nécropoles contemporaines de la Bassée. L’examen des différents types d’architectures et de dépôts : sépultures en fosses quadrangulaires, allongées ou de dimensions réduites ajustées au volume du dépôt ; blocages de coffrages, de couverture ou de fonds surélevés ; incinérations en urne, donne lieu ici à une analyse très détaillée et souligne dans certains cas certaines spécificités locales. D’une manière générale, le croisement de plusieurs données issues de chaque tombe permet d’aborder autant de questions liées à l’âge, au sexe et au statut du bénéficiaire, ainsi qu’à l’évolution chronologique de ces aménagements préfigurant, pour certains d’entre eux, de nouveaux comportements annonciateurs de la réduction des dimensions des fosses sépulcrales de la phase moyenne du Bronze final.

7Il en est de même du chapitre consacré au traitement des corps, de la carbonisation au dépôt dans la tombe, où là aussi rien n’est laissé au hasard. Sous une apparente diversité, la recherche des règles éventuelles présidant au choix de la masse inégale des ossements déposés et de leur organisation dans la tombe, à l’évolution de la composition des dépôts mobiliers dans le temps, au rôle des différentes catégories de récipients, enfin, à l’interprétation des restes animaux et végétaux lancent autant de pistes de réflexions relevant des choix culturels ou de la sphère locale ou familiale qu’il sera intéressant à l’avenir de nourrir de données plus étoffées.

8À l’échelle de la nécropole, l’agrégation de sépultures autour du monument fondateur d’un personnage important représente une interprétation séduisante et argumentée. En tenant compte des types de sépultures et du mobilier d’accompagnement, cette approche trouve de bonnes illustrations dans les plans interprétatifs des deux nécropoles, examinés ici sous l’angle des relations hiérarchiques et sociales qui pourraient avoir uni ces différents défunts.

9En conclusion, la synthèse proposée pousse très loin les analyses où rien n’est laissé au hasard. Si certaines approches s’avèrent stimulantes, le faible effectif des sépultures étudiées en limite souvent la portée, mais les idées ici exposées, dont certaines peuvent susciter la discussion, le seront avec prudence et les auteurs sauront toujours faire scrupuleusement la part entre les acquis et les hypothèses. On l’aura compris, l’étude particulièrement dense et documentée des nécropoles de Courcelles (Loiret) offre une complémentarité certaine avec celle de la « Croix-Saint-Jacques » à Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne). Toutes deux marquent une nouvelle étape dans l’interprétation des pratiques funéraires du début du Bronze final dans le centre de la France.

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Bibliographie

ROSCIO M., 2011, Nouvelles approches des nécropoles de l’étape ancienne du Bronze final (Bz D-Ha A1) du Bassin parisien au Jura souabe, Thèse pour obtenir le grade de Docteur de l’Univ. de Bourgogne, Archéologie, 3 vol.

ROTTIER S., PIETTE J., MORDANT C., 2012, Archéologie funéraire du Bronze final dans les vallées de l’Yonne et de la haute Seine : les nécropoles de Brabey, Barbuise et La Saulsotte, Dijon, Éd. univ. de Dijon, 790 p.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-François Piningre, « Hélène FROQUET-UZEL dir., 2015, Les nécropoles de l’Âge du Bronze de Courcelles (Loiret) : approche des pratiques funéraires au début du Bronze final dans le Gâtinais occidental »Revue archéologique de l’Est, tome 65 | 2016, 449-450.

Référence électronique

Jean-François Piningre, « Hélène FROQUET-UZEL dir., 2015, Les nécropoles de l’Âge du Bronze de Courcelles (Loiret) : approche des pratiques funéraires au début du Bronze final dans le Gâtinais occidental »Revue archéologique de l’Est [En ligne], tome 65 | 2016, mis en ligne le 16 octobre 2017, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/rae/8974

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